Jeux Olympiques
 


Les XIXème Jeux Olympiques d'hiver se sont déroulés à Salt Lake City, Utah, Etats-Unis, du 8 au 24 février 2002.
Laetitia finit 14ème du programme court, 15ème du programme long pour finir 15ème au final.



Quand es-tu partie pour les JO ? Comment s'est déroulé le voyage?
Tout d'abord, je suis partie pour Cap Cod sur la côte est des Etats-Unis le 22 janvier 2002, pour deux semaines d'entraînement au sein de l'équipe des Scotvold.
Ensuite, le 2 février 2002, je suis partie pour Logan, le centre d'entraînement des français pour les JO. C'est Pierre Trente qui est venu me chercher à l'aéroport. Nous sommes passés au village olympique à Salt Lake City, et nous avons visité la maison réservée aux français. C'est à ce moment là qu'on a appris la blessure de Sarah (ndlr : Sarah Abitbol). Pas cool. Tous les patineurs français avons décidé de manger dans sa chambre.

Où est-ce que tu logeais à Logan ?
Je logeais à l'hôtel ! Il était situé à environ 10-15 minutes de la patinoire. J'avais une chambre individuelle, très spacieuse. Dans l'hôtel, il y avait même une piscine, mais je n'en ai jamais profité ! A part ça, il n'y avait rien à faire autour...

Comment se déroulaient tes journées à Logan ?
Je m'entraînais tous les jours en fin de matinée, puis j'allais déjeuner en ville. Ensuite je m'entraînais de nouveau en fin d'après midi, voire en début de soirée. Le soir c'est un traiteur qui nous servait le dîner à l'hôtel. Et entre tout ça, je me reposais et j'allais sur internet !

Tu ne souhaitais pas faire la cérémonie d'ouverture, mais tu l'as faite quand même. Pourquoi ?
Tout le monde m'a persuadé qu'il fallait y aller, et que cela faisait aussi partie de la compétition. En fait, j'aurais raté quelque chose de ne pas y aller, car ça a été pour moi une fierté, ainsi qu'une récompense pour tout le travail que j'avais effectué jusque là.

Une certaine émotion lorsque tu t'es peut-être dit que ce 8 février 2002, cela faisait 10 ans jour pour jour que tu avais fait ta première cérémonie ?
Alors là, pas du tout ! Je n'y avais même pas pensé !

Quand es-tu allée pour la première fois au Village Olympique à Salt Lake City?
Le jour de mon arrivée à Salt Lake City, c'est à dire le samedi 2 février 2002. Le lendemain, j'y suis revenue avec Fred, Pierre et Annick (ndlr : Frédéric Dambier, Pierre Trente, et Annick Gaillaguet), car c'était notre jour de repos.

Comment était ce village olympique ? Au centre de Salt Lake City ? Le logement ?
Ce n'était pas très loin du centre, mais pour des raisons de sécurité, il fallait prendre les grands axes routiers pour se rendre à la patinoire. Celle-ci se trouvait au centre du parc olympique, au centre de la vie olympique.
Le village, tout comme les chambres, étaient très chaleureux. En effet, c'était des petites maisons indépendantes. Nous (ndlr : l'équipe de France) partagions la notre avec la Principauté de Monaco, et " son Prince ". La maison était en forme de U, et sur deux étages. Le staff se situait au milieu du U, et en face des escaliers, ce qui fait qu'on y passait régulièrement pour avoir les résultats des autres français. Toute l'équipe était super sympa.
En ce qui concerne les chambres, il y avait une salle de bain commune pour deux chambres. Elles étaient spacieuses, confortables, mais pas insonorisées ! Bonjour le bruit ! A part ça, il y avait une " salle de convivialité " à chaque étage, comprenant deux ordis connectés à internet, ainsi que des canapés et une télé reliée à tous les sites, afin que l'on puisse voir les épreuves en direct. Nous avions à notre disposition des machines à laver et à sécher le linge. Je n'oublierais pas les bonbons Haribo, en effet ils étaient le sponsor du CNOSF (ndlr : Comité National Olympique et Sportif Français), et je ne vais pas m'en plaindre !

Qui est ce que tu as rencontré, avec qui as-tu sympathisé au village olympique ?
Rien ou plutôt personne en particulier... si ce n'est ma colocataire : Dorianne Vidal. C'est une fille très sympa, mais nous ne nous sommes pas vues très souvent, car je suis partie le lendemain de la cérémonie d'ouverture (pour Logan), et elle est repartie en France la veille de mes épreuves.

Tes entraînements pendant ces trois semaines ?
Tout d'abord à Cap Cod, j'ai changé de patins, et au bout de deux jours seulement je passais tous les triples ! En fait, j'ai beaucoup travaillé, et je suis montée en puissance. Nous (ndlr : avec l'équipe Scotvold) avons travaillé surtout le triple Lutz, ainsi que les combinaisons triple-triple. Les coaches m'ont donné une grande confiance en moi.
De ce fait, lorsque je suis arrivée à Logan, j'étais en forme, et très sûre de moi. Les entraînements se passaient très bien. Le matin de la cérémonie d'ouverture je faisais un short sans fautes avec triple Lutz-triple boucle piqué, puis triple flip et enfin double Axel, et ça dans la patinoire de compétition ! Donc tout allait bien.
Puis quelques jours avant la compétition, j'ai eu quelques difficultés sur le Triple Lutz, j'ai donc perdu un peu confiance en moi...

Tes impressions sur la compétition des JO, programme court, programme long...
Programme court : Le matin de la compet je ne passais pas un seul triple lutz. En revanche, les six minutes de warm-up se sont bien déroulées. Et puis dans le programme une petite erreur qui ne pardonne pas. Je partais pour triple Lutz-triple boucle piqué, car je savais que tout le monde avait fait un sans faute, donc je n'avais pas le choix pour prétendre faire partie du dernier groupe pour le libre...
Entre les deux épreuves : Dans un premier temps, j'étais très démoralisée par la place que j'occupais après le court. Après tout l'investissement que j'avais fournit ces derniers temps...
Ensuite, je me suis ressaisie, car justement je n'avais pas travaillé autant pour tout lâcher de la sorte, et baisser les bras comme je l'avais fait à Nagano (ndlr : lors des précédents JO).
Programme long : Le matin de la compétition, j'ai réalisé un super entraînement avec des combinaisons sur le boucle piqué, le flip et le Lutz ! Je me sentais bien, j'ai donc abordé le libre décidée à faire un triple-triple sur n'importe quel saut (le flip ou le Lutz), et ce quoi qu'il arrive.
En fait, je suis plus déçue par la fin du programme que par la chute en entrée de programme sur le triple Lutz.

Des membres de ta famille étaient présents à Salt Lake City pour t'encourager ?
Oui, mon mari m'a rejoint le 17 février 2002 à Salt Lake City. Il était logé dans des appartements loués par la Fédé pour les familles et les invités. Je l'y ai rejoint le soir du short, et j'y suis restée jusqu'à notre départ de Salt Lake le 23 février 2002. Ces appartements étaient situés à un quart d'heure à pied de la patinoire. C'était moins bruyant qu'au village olympique ! De plus, ça m'a permis de me sentir bien, et de pouvoir évacuer le stress et la déception du short...
Sa présence à mes côtés a été très importante, car nous avons tous les deux géré notre vie en fonction des JO, avec tout ce que cela peut engendrer comme sacrifices pour le couple, c'est à dire par exemple de longues séparations pour les stages... Par ailleurs, ça a conditionné la gestion même de ses rendez-vous médicaux, en fonction des compétitions et des entraînements, en fait je tenais à être présente à ses côtés lors de ces moments là.
Donc, depuis un an tout tournait autour de moi, alors qu'il y avait des choses bien plus importantes et plus graves. C'est pour cela qu'il était important que nous partagions ces JO ensemble.
Pour résumer, je suis contente d'avoir participé à ces JO, mais je reste cependant déçue du résultat final, par rapport au travail effectué pour réaliser à l'occasion de ces JO une bonne performance.

Quatre JO en 10 ans ! Mathématiquement impossible, car c'est en principe tous les quatre ans !! Tu es quand même rentrée dans l'histoire des sports d'hiver français en participant à quatre olympiades ... un commentaire là dessus ?
Sincèrement, je n'aurais aucun commentaire à faire là dessus... je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir réalisé quelque chose d'exceptionnel vu que je n'ai pas eu de reconnaissance suite à ces quatre participations... De plus, je n'ai pas abordé ces quatre JO de la même façon. Les Jeux de Slat Lake City ont été ceux dans lesquels je me suis le plus investi. Je voulais y participer et y faire un résultat...

Alors de quelle façon avais-tu abordé les autres JO auxquels tu as participé ?
ALBERTVILLE, 1992 : Ces JO sont arrivés comme ça, dans le prolongement du début de la saison (ndlr : elle remporta le titre de championne du Monde junior quelques semaines avant ces JO, en décembre 1991 à Hull au Canada). C'est quand même là que je me suis faite remarquer !
LILLEHAMER, 1994 : La sélection a été mouvementée, les conditions étaient assez difficiles pour moi, j'y ai participé en me demandant vraiment ce qui allait se passer...
NAGANO, 1998 : J'avais réalisé un super début de saison (ndlr : elle remporta son premier titre dans une épreuve du Grand Prix, le Trophée Lalique en novembre 1997, et quelques semaines après elle remporta le titre de championne de France). Malheureusement, une blessure a ralenti ma progression, ça a même retardé sérieusement ma préparation. Par conséquent à mon arrivée à Nagano, je n'étais pas prête. Par ailleurs, j'avais pas mal de problèmes annexes...
SALT LAKE CITY, 2002 :Après un début de saison où les résultats n'étaient pas ce que j'espérai, malgré la régularité des entraînements... Je tiens à souligner que c'est la première année où il n'y a pas eu des " up and downs " catastrophiques ! Je suis arrivée à Salt Lake City pour faire une performance, ainsi que je le voulais depuis des mois... J'étais prête, et... voilà le résultat : 15ème ! Donc, je suis déçue mais je n'ai aucun regret.

Je ne sais pas si je peux dire que j'ai préféré tel ou tel JO... Je garderai un grand souvenir de la cérémonie d'ouverture des JO d'Albertville, et de l'émotion que ça m'a procuré...
En revanche, ce sont les JO de Nagano qui m'ont apporté beaucoup sur le plan des relations humaines, pourtant ce n'était pas un objectif primordial des Jeux...
Pour ce qui est des JO de Salt Lake City, je peux dire que j'en ai profité, car j'avais travaillé dans le but d'être prête le jour J. J'ai vécu à fond cette dernière aventure olympique, c'était comme une récompense au travail que j'avais effectué depuis de longs mois. Lorsque j'avais du temps libre, je me suis baladée dans le parc Olympique de Salt Lake City. C'était bien agréable car en plus il faisait beau !



 

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